Le gouvernement a récemment annoncé que les séances chez les psychologues seront remboursées dès 2022 par l'assurance maladie, sous certaines conditions :
- le médecin traitant devra effectuer une prescription médicale initiale de 8 séances chez le psychologue. Un renouvellement pourra être proposé si nécessaire, mais les modalités de ce renouvellement sont encore floues
- le première séance sera remboursée à hauteur de 40€, les suivantes à 30€, sans dépassement d'honoraires
- le psychologue devra être volontaire pour participer à ce dispositif et être conventionné auprès de la sécurité sociale
Le Syndicat National des Psychologues a appelé les psychologues à boycotter ce dispositif. J’ai également décidé que je ne participerai pas à ce dispositif, tant que les modalités ne seront pas changées, ceci pour plusieurs raisons :
- à cause de la prescription par le médecin : de nombreux patients ne souhaitent pas que leur médecin soit au courant de leur démarche auprès d’un psychologue. Le plus souvent par crainte du jugement, la peur d’avoir une étiquette de maladie mentale ou de se voir prescrire des médicaments.
D’autre part, pour orienter le patient, le médecin devra juger de la nécessité ou non de consulter un psychologue, et de faire un diagnostic psychologique, alors que les médecins n’ont pas de formation en psychologie.
- à cause du tarif remboursé : celui-ci n’est pas respectueux de notre profession et de notre niveau d’étude car les dépassements d’honoraires ne sont pas autorisés. Or, une séance chez le psychologue coute en moyenne entre 50€ et 70€. Nous sommes bien loin des 30€ remboursés, divisant ainsi notre salaire par 2...
La solution serait donc d'effectuer des séances de 30 minutes, mais cela est bien trop court car ça ne laisse pas suffisamment de temps au patient de s’exprimer, ni de mettre en place les thérapies adéquates
Bien que l’idée initiale de rembourser les psychologues soit très bonne, les modalités ne permettent pas de mettre en place ce projet en respectant la profession des psychologues et les besoins des patients. Le risque est de voir une psychologie à deux vitesses se créer : des rendez-vous (remboursés) courts et donc moins qualitatifs pour les personnes ayant peu de moyens ; des rendez-vous (non remboursés) longs plus qualitatifs avec de meilleurs protocoles thérapeutiques pour les personnes plus aisées.
Alors oui pour des séances remboursées, non avec ces modalités.
